Séminaire iVision 2019

Le sionisme en partage

Quelque 200 personnes de 22 nationalités ont pris part, du 15 au 17 novembre à Marseille, à la troisième conférence iVision, proposée par le département des Activités en diaspora de l’Organisation sioniste mondiale (OSM). Un week-end riche de rencontres, d’enseignements et de débats.

 

Affermir l’identité sioniste des Juifs du monde entier. Telle est la vocation du département des Activités en diaspora de l’OSM, qui s’emploie au quotidien à encourager le dialogue entre l’État juif et les communautés de toutes tailles et obédiences réparties sur les cinq continents. Outre ses missions éducatives, il organise chaque année un séminaire international réunissant des représentants de tous les courants politiques et religieux du judaïsme.

 

Pour un avenir meilleur

À l’occasion de son édition 2019, les participants étaient conviés à trois journées d’échanges dans la cité phocéenne, qui revendique la troisième communauté juive d’Europe (près de 80 000 âmes). C’est devant une assistance dominée par l’enthousiasme de jeunes militants que Gusti Yehoshua-Braverman, chef du département organisateur, a donné le coup d’envoi de l’événement, appelant à intensifier les relations entre Israël et diaspora autour d’une commune « vision sioniste ». Après la diffusion de messages enregistrés de Yuli Edelstein, président de la Knesset, et de Reuven Rivlin, président de l’État d’Israël, David Sellam, membre de la Fédération des organisations sionistes de France, a adressé à son tour quelques mots d’accueil au public.

 

Unité et respect mutuel

En préambule d’un passionnant programme, Miriam Peretz a témoigné de son expérience poignante et édifiante. Titulaire du prix d’Israël, l’invitée de l’OSM a perdu deux de ses fils au champ

d’honneur, ainsi que son mari, dévasté par le deuil. Loin de céder à un légitime abattement, celle que l’on surnomme « la mère des soldats », mue par une énergie et un optimisme exceptionnels, n’a de cesse d’aller à la rencontre d’enfants, d’adolescents et de jeunes appelés auxquels elle insuffle le sens de l’engagement envers leur peuple. Captivant son auditoire, cette originaire du Maroc a évoqué les circonstances de son alya aux allures « messianiques », ses premières années en Terre promise marquées par le dénuement et l’espoir et, bien sûr, sa famille bien-aimée, pourvoyeuse de recrues pour la brigade d’élite Golani. « Je me suis longtemps demandé ce que je pouvais faire pour mon pays et j’étais loin de me douter que j’aurais à payer le prix ultime pour sa survie, a-t-elle déclaré. Mes fils sont tombés pour que les enfants puissent vivre en paix. » Et Miriam Peretz d’ajouter : « Les Juifs de diaspora doivent savoir qu’ils auront toujours une maison en Israël. Nous sommes une seule et même nation et nous devons apprendre à nous respecter. »

 

Contre la haine et l’ignorance

Après cet émouvant discours, Franz-Olivier Giesbert, homme de presse et écrivain bien connu des Français, s’est penché sur la problématique de l’antisémitisme et de l’antisionisme, deux dénominations d’un même fléau. Statistiques à l’appui, il a souligné l’inquiétante résurgence de l’immémoriale haine des Juifs en Europe, réactivée par l’islamisme contemporain. En référence à l’actualité récente, l’orateur a déploré qu’une certaine gauche, en proie au culte du « racisé », préfère manifester contre une « islamophobie » contenue, sinon largement fantasmée, évacuant la prégnance factuelle des actes antijuifs, parfois meurtriers, et antichrétiens. Rappelant par ailleurs les mensonges à l’œuvre dans le narratif propalestinien et ses relais médiatiques, l’intellectuel a exhorté ses auditeurs à défendre la vérité historique, celle d’une terre d’Israël juive livrée, pendant plus de deux millénaires, à de multiples invasions. « Ne lâchez rien ! », a-t-il conclu au terme d’une démonstration dont l’honnêteté se fait rare dans l’univers journalistique.

 

L’esprit juif dans tous ses états

Après une soirée shabbatique animée, entre dvar Torah et jeux, la journée du samedi a été consacrée à une vingtaine d’interventions et d’ateliers, en français, en anglais ou en hébreu. De nombreuses thématiques ont été abordées, de l’innovation israélienne à la renaissance miraculeuse de l’hébreu, de la culture juive du dialogue à l’entrepreneuriat, de la défense du sionisme à la faculté de résilience, de la création artistique aux vagues d’alya, des textes sacrés aux défis économiques, des enjeux sécuritaires aux médias, de la conquête spatiale aux grandes tendances sociétales. Des conférenciers de tous horizons ont ainsi livré une image nuancée des réalités israéliennes et diasporiques, offrant de nouveaux éclairages et pistes de réflexion aux participants.

 

 

Après quelques dernières contributions le dimanche matin et la clôture officielle de la manifestation, une excursion touristique a permis aux visiteurs proches et lointains de (re)découvrir la grande synagogue de Marseille (1864), de style romano-byzantin, ainsi que l’illustre quartier du Vieux Port, sous un réconfortant soleil méditerranéen. Un aperçu réjouissant de « la plus ancienne ville de France », probablement fréquentée par les Judéens en exil dès l’Empire romain.