Quand Ben Gourion se raconte

Ben Gourion - Epilogue

Du 6 au 8 novembre, l’Organisation sioniste mondiale et le Keren Hayessod ont invité le public de Paris, Marseille, Lyon et Cannes à la projection du documentaire Ben Gourion – Épilogue de Yariv Mozer, en présence du maire de Yerouham et de son adjointe. Retour sur la manifestation parisienne.

En cette fraîche soirée automnale du 6 novembre, les Franciliens s’étaient déplacés en nombre, au cinéma Publicis des Champs-Élysées, pour rendre hommage à l’un des plus grands bâtisseurs d’Israël et à son légendaire cheval de bataille, le fleurissement du désert. Dédié au Néguev, l’événement a été brièvement introduit par les dirigeants des institutions organisatrices. « Nous travaillons à soutenir les populations juives en difficulté, a tout d’abord souligné Richard Prasquier, président du Keren Hayessod de France, non sans évoquer la situation complexe de la localité de Yerouham, à l’honneur de ce rassemblement. Ben Gourion considérait d’ailleurs le Néguev comme le nouveau défi d’Israël et le plus important de sa vie. » De son côté, Moshé Cohen, directeur de l’Organisation sioniste mondiale en France, a rappelé l’ancienneté de cette dernière, dont on célèbre cette année le 120e anniversaire. À l’avant-garde de l’épopée sioniste, elle a été à l’origine du KKL (1901), du Keren Hayessod (1920) et de l’Agence juive pour la Palestine-Eretz Israël (1929). « Aujourd’hui, l’OSM s’occupe principalement de la promotion de l’alya, de l’étude de l’hébreu et de l’éducation juive dans les écoles », a ajouté son représentant.

 

Un document inédit

Après cette entrée en matière, l’assistance a eu le privilège de découvrir, sur grand écran, un documentaire exceptionnel, essentiellement composé d’extraits d’une longue interview accordée par David Ben Gourion à un journaliste américain, en avril 1968. Récemment exhumée du fonds d’archives du film juif Steven Spielberg de Jérusalem, cette source rare apporte un éclairage à la fois historique et intime sur le bilan personnel du sioniste visionnaire qui a proclamé l’indépendance de l’État moderne d’Israël le 14 mai 1948. Depuis son modeste bureau de Sdé Boker, peuplé de livres et de dossiers, le Vieux Lion se prête avec sincérité, humour et humilité à l’exercice, alternant l’analyse de ses décisions gouvernementales, parfois impopulaires, et l’évocation de son expérience de pionnier du Néguev aux côtés de sa chère épouse disparue, les références aux prophètes d’Israël et les questionnements sur l’avenir de son jeune pays, « le seul État qui ait eu à se battre pour sa survie le jour de sa création ». Insistant à de nombreuses reprises sur le miracle de la construction sioniste, partie de rien à la fin du XIXe siècle, l’ancien Premier ministre, qui doit sa « renaissance » à son alya, ne manque pas de faire observer qu’« il  n’y a jamais eu de peuple palestinien, et ceci est notre pays, mais si j’avais à choisir entre l’intégralité de nos territoires et la paix, je pense que la paix est plus importante. » Et le leader chenu de conclure : « Nous n’en sommes qu’au début… »

 

Le Néguev, une « nouvelle frontière »

À l’issue de la projection, le maire de Yerouham, petite ville du Néguev située à 15 km de la retraite de Ben Gourion, s’est adressé à l’assemblée : accompagné de son adjointe, Tal Ohana, Michaël Bitton est revenu sur la fondation, en 1951, de cette humble implantation, constituée d’immigrants de Roumanie, d’Inde et du Maroc. Lors de sa visite, le plus célèbre résident du Néguev avait prédit, sous le regard incrédule de Shimon Peres, que cette austère bourgade battue par les vents de sable revendiquerait un jour 10 000 âmes. « Nous avons, il y a peu, atteint ce chiffre ! », s’est réjoui l’édile, arrivé en 1963 en Israël avec sa famille. Mais ce n’est pas simple tous les jours, et il nous reste de nombreux défis à relever : assurer la sécurité des habitants, réduire les inégalités sociales et offrir un avenir à nos jeunes. » Un agenda bien chargé qui nécessite la mobilisation de tous et l’aide bienvenue des Juifs de France, pour que le rêve de Ben Gourion s’accomplisse dans toutes ses dimensions.

 

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