Boycott et sanctions : le nouvel antisémitisme

Tel était l’intitulé de la conférence européenne contre l’antisémitisme, orchestrée par l’Organisation sioniste mondiale (OSM) à Londres, du 20 au 22 octobre dernier, dans le cadre du centenaire de la déclaration Balfour (2 novembre 1917). Issus du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne, de Hongrie, de Roumanie ou encore d’Autriche, les participants de tous âges et de toutes tendances partageaient un commun militantisme sioniste et une égale préoccupation quant à l’avenir des communautés juives de diaspora.

Vendredi 20 octobre

C’est à la St John’s Wood Synagogue que la centaine de congressistes s’est réunie pour la session d’ouverture, animée par Yaakov Hagoel, vice-président de l’OSM en charge du département de Lutte contre l’antisémitisme, Paul Charney, président de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne et d’Irlande, et Sharon Bar-Li, vice-ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni. En hébreu ou en anglais, les orateurs ont mis l’accent sur les mutations d’une haine ancestrale et la nécessité d’y opposer la fierté d’être juif et sioniste.

Après l’office de Kabbalat Shabbat et un dîner convivial, Stephen Pollard, rédacteur en chef du Jewish Chronicle, a dressé un bilan de la situation britannique. Les étudiants, nombreux à assister à cette conférence, ont ensuite participé à un échange d’expériences entre jeunes israéliens et européens.

 

Samedi 21 octobre

Le samedi a été consacré à une série d’interventions thématiques, confiées à des universitaires, juristes, institutionnels, hommes et femmes politiques et autres personnalités engagées dans la cause sioniste.

 

La salle de réunion du Danubius Hotel Regents Park affichait complet dès la première allocution : David Hirsh, maître de conférences à l’université de Londres, y présentait son ouvrage tout juste paru, Contemporary Left Antisemitism (Routledge, 2017). Le sociologue a notamment évoqué la contagion antisémite qui gangrène le Labour Party (parti travailliste britannique) du très indulgent Jeremy Corbyn et les dégâts idéologiques de la « Formulation Livingstone » (du nom de l’ancien maire de Londres), selon laquelle les Juifs useraient de l’accusation d’antisémitisme pour faire taire toute critique d’Israël.

 

De son côté, Jacques Kupfer, membre du bureau exécutif de l’OSM, coprésident du Likoud mondial et président d’Israel is Forever, a fait valoir, à l’instar de Leo Pinsker en son temps, que la maladie antisémite s’avérait incurable et que la seule solution qui s’offrait au peuple juif se résumait en un mot : alya.

Digne fille du grand sioniste Josef Fraenkel, la Baroness Ruth Deech, universitaire et membre de la Chambre des Lords, a livré à l’assistance un rapport factuel sur l’exclusion d’Israël des campus britanniques et la virulence du mouvement BDS qui y sévit en toute impunité, soulignant au passage que cette complaisance ne serait pas étrangère aux contributions financières de pays arabes tels que le Qatar. Elle a en outre estimé que les sommes dépensées pour l’érection d’un énième mémorial de la Shoah – qui plus est vulnérable aux dégradations haineuses – seraient mieux employées à éduquer les jeunes générations aux périls de l’antisémitisme. Les juristes Jonathan Turner et Lesley Klaff l’ont rejointe pour faire état de l’arsenal législatif disponible pour combattre ce fléau… et déplorer de concert qu’il ne soit pas suffisamment appliqué pour être dissuasif.

 

Après le déjeuner, Arsen Ostrovsky, directeur exécutif de l’IJC (Israeli-Jewish Congress) très présent sur les réseaux sociaux, et Arieh Miller, directeur exécutif de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne et d’Irlande, ont mis en exergue la nécessité d’une coopération transnationale contre l’antisémitisme, en lieu et place de politiques parcellisées et trop souvent inefficaces.

Un émouvant témoignage a ensuite retenu l’attention de l’audience : Shadman Zaman, un jeune homme bangladais élevé dans une culture islamique férocement hostile aux Juifs, a raconté comment, sur les conseils d’un grand-père ouvert d’esprit, il était allé « vérifier par lui-même » et était tombé amoureux d’Israël et de l’idéal sioniste, qu’il défend depuis lors avec enthousiasme.

 

Dédiée au 120e anniversaire du premier congrès sioniste de Bâle (1897), la session de clôture a été introduite par Yaakov Hagoel et Paul Charney. Invité d’honneur, le député à la Knesset David Bitan (Likoud) n’a pas manqué de rappeler le centenaire de la déclaration Balfour et d’insister sur la connexion irréfutable entre antisionisme et antisémitisme, ainsi que sur la « guerre de religions » qui ensanglante le monde. Paul Charney a utilement ajouté que la commémoration des 120 ans du sionisme démontrait l’inanité de l’allégation selon laquelle l’État d’Israël serait apparu ex nihilo en 1948, produit de la prétendue « culpabilité » des nations européennes. Pour sa part, le colonel Ran Cahana, attaché militaire de l’ambassade d’Israël au Royaume-Uni, s’est félicité de l’excellente coopération entre les ministères de la Défense et les armées des deux pays.

 

 

 

 

Enfin, Katharina von Schnurbein, coordinatrice de la commission européenne de Lutte contre l’antisémitisme, a détaillé le point de vue de l’UE sur cette douloureuse résurgence d’un mal absolu. Bien qu’elle eût blâmé les accusations infâmantes contre Israël et affirmé la « détermination » de l’institution qu’elle représente à combattre l’antisémitisme « de droite, de gauche et musulman », sa surprenante sous-estimation de ce qu’il est convenu d’appeler l’« islamo-gauchisme » dans la violence antijuive actuelle a suscité quelques remous dans l’assemblée, en particulier parmi les citoyens de pays où les Juifs sont, aujourd’hui, exclusivement molestés et assassinés au nom du Djihad.

 

 

Dimanche 22 octobre

Après une soirée festive, les participants ont pris part, le dimanche matin, à une excursion touristique à la découverte des sites juifs et sionistes de Londres, guidée par un sympathique Écossais sioniste. Au cœur de la capitale britannique, les visiteurs ont arpenté les lieux où vécurent et officièrent les Rothschild d’Angleterre, Benjamin Disraeli, Arthur James Balfour ou encore Moses Montefiore. Une plongée dans l’histoire d’un mouvement de libération nationale qui n’est pas près de disparaître !