Entretien avec Marina Rosenberg Korytnaya, Chef du Département pour la promotion de l’alya

Marina Rosenberg Korytnaya

Marina Rosenberg Korytnaya, de l’OSM « Le judaïsme français est prioritaire pour le gouvernement israélien »

L’organisation Sioniste Mondiale investit beaucoupsur les juifs de France. Nos compétences, nos savoirs, nos savoir-faire et notre culture sont des atouts qui peuvent renforcer et enrichir la société israélienne. Aussi, dans le contexte troublé, du au regain d’antisémitisme islamique, qui est le nôtre, l’OSM met-elle tout en œuvre pour faciliter l’Alyah et l’intégration des juifs de France. C’est ce que nous explique, en détails, Marina Rosenberg Korytanya, qui œuvre, à la tête du département pour la promotion de l’Alyah, pour que les juifs du monde entier, et en particulier de France, trouvent leur place en Eretz. Interview…

Israël Actualités : Nous nous sommes déjà rencontrés, au Salon de l’alyah, il y a quelques mois, et cela nous fait plaisir de vous revoir
Marina Rosenberg Korytnaya : Je m’appelle Marina Rosenberg Korytnaya. Je suis chef pour la Promotion de l’Alyah au sein de l’OSM (Organisation Sioniste Mondiale). J’ai été élue et j’ai pris la tête de ce département après le dernier congrès sioniste, il y a à peu près un an et demi, car l’OSM voulait se doter d’un département de la promotion de l’Alyah. Car l’Alyah est très importante pour le judaïsme mondial.

 

IA: Pourquoi, selon vous ?

MRK : Parce que l’Alyah est une part incontournable du sionisme, en général. Nous la promouvons, à travers le monde, en mettant en place des programmes selon 3 orientations : étude de l’hébreu, du sionisme, de la réalité en Israël. En France, depuis septembre, nous avons ouvert 158 classes d’hébreu, dont 95 à Paris et 53 en province. Parce qu’il est impossible que les juifs n’aient pas la maîtrise de leur langue commune qui est l’hébreu. Notre département veut créer des ponts, des relations culturelles communes entre tous les juifs et la langue est un facteur d’unification pour le peuple, il rapproche les gens entre eux et le peuple d’Israël
Celui qui lit l’hébreu détient la clé du savoir : il peut s’informer, regarder la télé, connaître l’information concernant le pays dans sa langue propre, pas par le biais de filtres et de chaînes diffusées dans une autre langue, dont l’information peut-être tronquée, subjective, voire à charge concernant Israël.

IA: Cette interview, qui fait suite à la première, a pour but de dresser un bilan. Avez-vous atteint vos objectifs ?

MRK : En créant un pont entre les gens par le biais de l’hébreu, et nous sommes parvenus à donner des liens communs à un quart de millions de juifs à travers le monde, qui parlent hébreu. C’est ce que fait notre département. Durant les 120 premières années qui ont suivi le premier congrès juif mondial, nous sommes parvenus à créer l’Etat d’Israël. Notre mission, pour 120 ans à venir, est d’ores et déjà tracée : expliquer aux juifs du monde entier que leur maison, c’est Israël et les aider à comprendre quand sera, pour eux, venu le moment de s’y rendre et de s’y installer.

IA: L’enseignement de l’hébreu n’est pas, cela dit, la seule mission que s’est fixée l’OSM ?

MRK : Non, bien sûr. L’organisation sioniste mondiale a d’autres départements, hormis celui que je représente, notamment celui de l’éducation dans le monde juif, celui de l’implantation rurale, qui aide à la création des villages et des kibboutzim au nord et dans le sud, ainsi que le département des activités en Israël, qui s’occupe aussi de renforcer le sionisme en Israël. L’OSM est très proche des communautés en diaspora, à travers le monde, avec lesquelles, elle crée et maintient un lien direct. En France, notamment, nous avons une équipe en place, qui travaille sous la responsabilité du directeur, Moshe Cohen, qui comme un chef d’orchestre, fait en sorte que chacun travaille au bien commun. Nous pouvons nous féliciter du travail effectué, car nous avons de très bons résultats. Le plus encourageant pour nous, c’est le nombre de personnes qui collaborent avec nous. Moshe pourra vous expliquer en détails le travail effectué, mais je voudrais, en ce qui me concerne, mettre l’accent sur quelques axes importants.

IA: Qui sont ?

MRK : D’abord nous menons un important projet en province, car il est fondamental de ne pas se contenter d’œuvrer à Paris et en banlieue, mais aussi dans des endroits qui soient plus éloignés de la capitale. Nous comptons, outre les 53 ulpanim ouverts en province, contacter d’autres communautés, afin de renforcer ce maillage. Nous avons aussi mis en place un nouveau projet qui s’adresse uniquement aux femmes. C’est un séminaire qui s’adresse au public féminin car nous nous sommes rendu compte que lorsqu’une décision familiale de déplacement, d’émigration ou de voyage et a fortiori d’alyah doit être prise, c’est la femme qui en général, est décisionnaire. Nous voulons donc aider les femmes et faciliter leur intégration en Israël.

IA: Les moyens, depuis l’arrivée de Moshe Cohen ont aussi été augmentés. Preuve que l’OSM s’intéresse beaucoup à la France ?

MRK : Tout à fait car le judaïsme de France est un judaïsme qui ne ressemble à aucun autre. C’est un judaïsme très sioniste, très proche d’Israël et nous nous devons d’investir pour cette population qui nous ressemble. L’Etat d’Israël a besoin de vous, juifs de France, en Israël et vous juifs de France, avez besoin de l’Etat d’Israël. Lors des 120 ans qui ont suivi le premier congrès sioniste, les juifs avaient besoin de l’Etat d’Israël. C’était donc notre objectif. Mais aujourd’hui, nous avons un état, un état fort, et c’est au tour de l’Etat d’Israël d’aider le judaïsme de diaspora et nous faisons tout ce qui est notre pouvoir pour faire en sorte que le peuple arrive en Israël.

IA: Quel regard portez-vous sur l’Alyah française ?

MRK : C’est une Alyah de qualité, avec des gens dont les compétences et les connaissances peuvent beaucoup apporter à la société israélienne et faire en sorte que notre état devienne plus fort, plus important et plus intéressant.

IA: Le travail réalisé sur les équivalences de diplômes va-t-il selon vous renforcer l’alyah ?

MRK : Il n’y a pas que dans le cas des diplômes que nous avançons. D’autres sujets sont à l’étude et malgré la lenteur de la bureaucratie, nous avançons ! Pour le gouvernement israélien, le judaïsme de France bénéficie d’une priorité au sein du monde juif. Aussi essaie-t-il par tous les moyens de lever les blocages administratifs et de mettre en place toutes les aides possibles afin de faciliter l’intégration des immigrants de France. Les juifs de France n’arrivent pas en Israël en tant que migrants, mais en tant que frères et soeurs. Nous les accueillerons toujours avec beaucoup de chaleur, d’amour et nous l’aiderons.

IA: Beaucoup de juifs de France sont dans une volonté de venir, mais traînent des pieds…

MRK : Souvent la peur est plus psychologique que fondée, c’est pourquoi nous travaillons beaucoup à lever ce type de blocage. Nous avons d’ailleurs fait venir 32 médecins parisiens et nous leur avons fait rencontrer tous ceux qui peuvent les aider dans un processus d’intégration, justement pour lutter contre ces peurs et leur montrer que dans la réalité, c’était moins difficile que dans leur idée, notamment dans le domaine du travail. Nous les avons fait venir à Beer Sheva, et nous leur avons présenté les structures présentes dans cette ville. Or j’ai entendu dire que plusieurs d’entre eux ont, à la suite de ce groupe, estimé que Beer Sheva était une option pour faire leur Alyah. Pari réussi donc.

IA: Quel message voulez-vous faire passer aux juifs de France ?

MRK : D’abord, je vous adresse un message de soutien et de fierté, à l’occasion de votre fête Nationale, et je vous dis que je sais, qu’un jour ou l’autre, on se reverra, en Eretz Israël.

Source: Israël Actualités