iVision : construire le sionisme de demain 🗓 🗺

 

Du 1er au 3 décembre, l’Organisation sioniste mondiale (OSM) a tenu son premier congrès « iVision » en région parisienne. Un forum de discussions sur les thématiques juives et sionistes, inspiré par le projet « Beit Haam »du département des Activités en diaspora de l’OSM.  

Renforcer les liens entre Israël et la diaspora, affermir l’identité sioniste des jeunes générations, bâtir des ponts entre les communautés juives du monde entier, s’interroger sur les succès et réalités d’Israël dans tous les domaines, tels étaient les objectifs de ce nouveau rendez-vous international de l’OSM. Pour l’occasion, quelque 150 personnes de plus de vingt pays des cinq continents se sont retrouvées au Country Club d’Étiolles (Essonne) pour un week-end en tous points édifiant.

 

Poursuivre la vision de Herzl

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Gusti Yehoshua-Braverman, chef du département des Activités en diaspora de l’OSM, a présenté le projet Beit Haam. « En cet anniversaire des 120 ans de l’Organisation sioniste, des 100 ans de la déclaration Balfour et des 70 ans de l’État d’Israël, notre mission est de souligner le rôle du sionisme dans l’identité des Juifs du monde entier, mais aussi de faire d’Israël un pays exemplaire auquel chacun puisse s’identifier avec fierté. […] Le projet Beit Haam, conçu par notre département, se veut un espace de dialogue sur les sujets complexes qui nous concernent tous, dans le sillage de la vision de Herzl », a-t-elle déclaré, avant d’inviter de public à « faire connaissance avec la richesse d’Israël ».

 

Parmi les invités d’honneur de la session d’ouverture, Aliza Bin Noun, ambassadrice d’Israël à Paris, a dressé un état des lieux de l’appréciation française du pays qu’elle représente. « Depuis que la France rencontre des problèmes de sécurité, les gens comprennent davantage nos difficultés qu’auparavant, a affirmé la diplomate. Tout n’est pas merveilleux, certes, mais les Français sont généralement plus ouverts. Les médias demeurent en revanche très critiques vis-à-vis de la politique israélienne, malgré toutes les menaces qui s’abattent sur notre pays, le seul de la région à se revendiquer de valeurs occidentales. Ils ne voient pas les choses comme nous… Or, ces mêmes médias font l’éloge de la “nation start-up” et des prouesses économiques et technologiques d’Israël, qui commencent à être connues en France. Israël a également bonne réputation dans la sphère culturelle, comme le démontrent les cross-seasons programmées en 2018 entre nos deux pays. Nous avons beaucoup en commun et nous souhaitons renforcer le dialogue et la coopération, avoir de meilleurs votes à l’ONU… Il est important de montrer que nous sommes une société démocratique. » L’ambassadrice n’a pas manqué non plus de saluer le combat contre l’antisémitisme du gouvernement français, illustré par le discours d’Emmanuel Macron lors de la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv, le 17 juillet 2017, définissant l’antisionisme comme « la forme réinventée de l’antisémitisme ». « La France proscrit le boycott ! », a-t-elle rappelé avant de conclure son allocution.

 

Autre temps fort de cette séance inaugurale, la présentation du général de réserve de Tsahal Doron Almog a fait forte impression sur l’auditoire. Auréolé d’une carrière de 25 ans dans les forces spéciales de l’armée israélienne, ce dernier s’est aussi distingué par son engagement social exceptionnel en faveur des personnes souffrant de déficiences mentales et cognitives, en créant ex nihilo le centre de réhabilitation Aleh Neguev – Nahalat Eran. Récipiendaire du prix d’Israël 2016, l’orateur n’a eu de cesse de marteler l’une des valeurs fondamentales du judaïsme et du « seul État juif au monde » : la responsabilité mutuelle. « Mon frère Eran est mort au combat pendant la guerre de Kippour, a-t-il témoigné. Il était blessé, et personne ne l’a secouru. Depuis ce jour, je me suis juré de ne jamais laisser personne au bord du chemin. […] Nous avons appelé notre fils Eran à sa mémoire. Lorsqu’il a eu huit mois, nous avons appris qu’il souffrait d’autisme. Nous étions effondrés… » Toutefois, loin de réagir à la manière de Golda Meir ou Yigal Alon, qui ont dissimulé, telle une infamie familiale, leur descendance handicapée, Doron Almog et son épouse se sont pleinement investis aux côtés de leur garçon. « Il n’a jamais dit un mot, mais il a été le plus grand professeur de ma vie », a expliqué l’ancien commandant de la région Sud. Confronté à l’absence d’institutions spécialisées ouvertes aux jeunes adultes handicapés lorsque Eran a atteint 21 ans, il a décidé de bâtir lui-même le « meilleur centre qui soit ». Aujourd’hui, celui-ci accueille quotidiennement, « en pleine harmonie », deux cents personnes de toutes origines, encadrées par des professionnels et des volontaires de tous les pays. « Ce village d’excellence est fondé sur l’amour, la joie, la responsabilité et l’engagement, a-t-il ajouté. On mesure la valeur d’une société à la façon dont elle traite son maillon faible. »

 

Israël dans tous ses états

À l’issue de cette vibrante introduction, les participants ont été invités à choisir parmi un large choix de conférences et d’ateliers, qui ont animé ce shabbat d’échanges et de réflexion. Propagande médiatique anti-israélienne, créativité artistique, gastronomie, networking, questions d’actualité politiques et économiques ou de société, littérature, jeux, sans oublier la parasha de la semaine, étaient au menu de ce week-end au cadre champêtre.

 

On signalera en particulier l’intervention de Claude Giorno, économiste à l’OCDE, qui a proposé, en français et en anglais, une analyse des contrastes et paradoxes de l’économie israélienne. Son indéniable dynamisme, assorti de finances publiques saines, place le pays dans le peloton de tête des membres de l’OCDE, comme en attestent son PIB, son taux d’emploi remarquable et sa dette publique contenue. En revanche, les considérables écarts de revenus, la pauvreté endémique dans certains secteurs de la population (haredim, Arabes), le coût élevé de la vie, les insuffisances de l’offre de transports publics et du système éducatif, la productivité inégale ou encore la faible ouverture à la concurrence constituent des défis majeurs qui réclament une attention soutenue de la part des autorités.

 

De son côté, le nouveau porte-parole de l’ambassade d’Israël en France, Shimon Mercer-Wood, a inventorié, devant les francophones et anglophones, les récentes évolutions de la diplomatie israélienne, de l’Europe à l’Asie en passant par l’Afrique, où l’État juif déploie d’importants efforts de rapprochement avec les pays émergents. Des opportunités bienvenues dans un contexte régional marqué par les ambitions hégémoniques de l’Iran et l’instabilité générale de nombreux pays arabes.

 

Après la havdala marquant la fin du repos shabbatique, les hôtes du congrès ont eu le privilège d’assister à la projection du documentaire de Yariv Mozer Ben Gourion, épilogue, extrait d’une interview récemment redécouverte du leader israélien, alors retiré dans son kibboutz de Sdé Boker. Une mise en lumière intime du personnage historique au soir de sa vie, entre bilan de l’entreprise sioniste et confessions personnelles.

 

À la (ré)découverte de notre histoire

Après la traditionnelle fête de clôture du séminaire, le dimanche matin a été consacré à une visite du Paris juif, accompagnée par des guides expérimentés. En écho à un captivant jeu d’énigmes proposé la veille par Laurent Israël aux francophones sur le thème du Paris médiéval juif, les participants ont tout d’abord fait escale sur l’esplanade de la cathédrale de Notre-Dame, prétexte à l’évocation de l’expulsion des Juifs par Philippe Auguste (1182) ou encore du brûlement du Talmud en place de Grève sous le règne de Louis IX (1242). Les visiteurs ont ensuite fait halte à l’École militaire, en souvenir de l’affaire Dreyfus, et aux abords de la rue Cambon, où une plaque rappelle, en français et en hébreu, que Theodor Herzl y écrivit son œuvre majeure, L’État des Juifs, en 1895. C’est au pont Neuf, à proximité immédiate du square du Vert-Galant, ancienne « île aux Juifs » et théâtre de bûchers à caractère religieux, que les groupes ont embarqué pour une croisière sur la Seine, où les attendait de quoi se restaurer en cette glaciale matinée de décembre. La conclusion conviviale d’un événement riche d’enseignements et de rencontres !

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